Récif - رصيف
RÉCIF - Laaj @ N. m. De l'esp. arracife (1280), «chaussée, chemin
empierré », puis arrecife (1498); ou du port. recife; esp. comme port.
empr. à l'ar. (الرصيف), al-rassif (prononc. ar-rassif, par assimilation
du L de l'article.): «barre, plate-forme, jetée », dans
l'expression,(رصيف صخري) rassif sakhriyyi, «barre rocheuse, écueil ». En
port., souligne TLF, «le mot est attesté depuis 1258 comme toponyme
sous la forme Arracefe; en 1507: arrecife, "digue, môle, quai”; et, au
XVIe s., par aphérèse : recife », Le mot est admis dans le Dict. de
l'Ac. en 1762, sous la forme ressif, puis, en 1798, sous les deux formes
récif et ressif. En 1835, puis 1878: récif, rescif et ressif sont
également mentionnés dans le Dict. de l'Ac. et dans le Littré. C'est
seulement à partir de 1935 que la forme actuelle s'impose, y compris
dans Le Robert et chez Larousse. Le dict. de Trévoux avait adopté la
forme récif en 1721. En 1839, Ch. Darwin, dans Voyage d'un naturaliste
autour du monde (trad. fr., 1875), innove avec « récif de corail ». Au
fig.: «récifs de l'orthographe». Hugo, dans Feuilles d'automne (1831),
écrivant à Lamartine, fait rimer récif avec esquif; de nos jours, les «
récifs de l'orthographe», il n'y a même plus les dictées à la Pivot pour
les faire rimer…
À toute étymologie, son contradicteur. C'est ainsi que le Dict. étym. de
Roquefort fait dériver récif «du lat. cisus, brisé, taille.. Et que
dire du célèbre R. de Gourmont, qui, dans son Esthétique de la langue
française (Mercure de France, 1899, p. 81), attribue les emprunts des
uns aux autres, en vrac: «L'allemand moderne a donné au français
flamberge, fifre, sabre, vampire, rosse, hase, bonde, gamin; le flamand:
bouquin; le portugais: fétiche, bergamote*, caste, mandarin, bayadere ;
l'espagnol: tulipe, limon*, jasmin", jonquille, vanille, cannelle,
galon, mantille, mousse (marine), récif..
« Les leçons de Denis sont les plus belles. Il m'enseigne le ciel, la
mer, les cavernes au pied des montagnes, les champs en friche où nous
courons ensemble, cet été-là, entre les pyramides noires des murailles
créoles. Parfois nous partons dès l'aube, alors que les sommets des
montagnes sont encore pris dans la brume, et que la mer basse, au loin,
expose ses récifs. [...] La première lumière brille sur la terre rouge,
éclaire les feuilles sombres. La brume s'effiloche au sommet des
montagnes, le ciel est maintenant intense. J'imagine la mer couleur
d'azur* près de la barrière de corail, encore noire à l'embouchure des
rivières. "Guette!" dit Denis. Il est immobile sur le sentier, et me
montre la montagne, du côté des gorges de la Rivière Noire. Je vois un
oiseau très haut dans le ciel, qui se laisse glisser sur les courants
aériens, la tête un peu tournée de côté, sa longue queue blanche
traînant derrière lui. "Paille-en-queue", dit Denis. C'est la première
fois que je le vois.»
J. M. G. LE CLÉZIO, LE CHERCHEUR D'OR, GALLIMARD, 1985, P. 36.)
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