mot d'origine arabe Goudron قطران
Goudron - قطران GOUDRON - N. m. De l'arabe. gatran/gutran. Var. maghr.: gatran. Passé à l'esp. alquitran (par agglutination de l'article al-). Sorte de poix, visqueuse, que l'on retire des arbres résineux, en les faisant brûler; résidu obtenu par distillation de la houille. Les marins ar. l'utilisaient comme matière à calfater*. Le mot vient de la racine (قطر),qtr, qui a donné le verbe qatara, «distiller », d'où (تقطير), taqțir, distillation ». Le goudron végétal, tiré du bois (pin, cèdre, etc.), contient du naphtalène et de la paraffine. Le goudron de houille fournit de nombreux dérivés comme le benzène* et le naphtalène. Attesté dans le Dict. de l'Ac. depuis 1694, il est signalé dès 1160, sous les formes lat. catarannus puis catranum; en 1195, catran: « produit visqueux obtenu par distillation » (Amboise, Guerre sainte, cit. ds TLF). La forme en gou- serait due à l'infl. de «goutte». D'où, en 1309, une première forme en goutren (E. de Freville, Mémoires sur le commerce maritime de Rouen, cit. ds TLF). C'est à partir de 1647 qu'il prend sa forme actuelle (pour les formes successives, TLF renvoie à S. Sguaitamatti-Bassi, Les Emprunts directs faits par le français à l'arabe. jusqu'à la fin du XIIe s., Zurich, 1974, pp. 84-90 - ouvrage non consulté). En médecine vétérinaire, les anciens Arabes utilisaient le goudron dans les compositions traitant les affections de la peau ou favorisant la souplesse du sabot. En thérapeutique, l'eau de goudron, dans laquelle on a fait macérer du goudron végétal, est employée comme stimulant des muqueuses, dans certaines affections des voies respiratoires ou de l'estomac (TLF). À partir de 1832, dans les travaux publics, synonymes de goudron: bitume, asphalte. Au fig. être en plein goudron: être en difficulté. «Je regardais la campagne autour de moi. À travers les lignes de cyprès qui menaient aux collines près du ciel, cette terre rousse et verte, ces maisons rares et bien dessinées, je comprenais maman. [...] Il me semblait que le convoi marchait un peu plus vite. Autour de moi c'était toujours la même campagne lumineuse gorgée de soleil. L’éclat du ciel était insoutenable. À un moment donné, nous sommes passés sur une partie de la route qui avait été récemment refaite. Le soleil avait fait éclater le goudron. Les pieds y enfonçaient et laissaient ouverte sa pulpe brillante. Au-dessus de la voiture, le chapeau du cocher, en cuir bouilli, semblait avoir été pétri dans cette boue noire. J'étais un peu perdu entre le ciel bleu et blanc et la monotonie de ces couleurs, noir gluant du goudron ouvert, noir terne des habits, noir laqué* de la voiture. Tout cela, le soleil, l'odeur de cuir et de crottin de la voiture, celle du vernis et celle de l'encens, la fatigue d'une nuit d'insomnie, me troublait le regard et les idées.» (ALBERT CAMUS, L'ÉTRANGER, GALLIMARD, cou. Fouo, 1982, P. 27-29.)
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