Islam, l'histoire cachée VOST [Islam, The Untold Story] documentaire Tom HOLLAND
Il y a 1 400 ans, des armées de nomades ont jailli du désert d'Arabie et ont conquis la moitié du monde. Aujourd'hui, leurs descendants racontent une histoire extraordinaire. Ils disent que Dieu leur a envoyé un prophète, Mohammed. Et que Dieu leur a ensuite donné un empire.
Mais est-ce la vérité ? Tout le monde n'en est pas si sûr. Les conquêtes musulmanes comptent parmi les événements les plus décisifs de l'histoire. Mais les Arabes étaient-ils, au 7ème siècle, vraiment musulmans ? Je m'appelle Tom Holland. Je suis historien. J'écris au sujet des empires anciens, les empires perses, grecs, romains. Maintenant, je veux écrire sur le plus influent de tous les empires anciens, l'empire fondé par les Arabes au 7ème siècle, l'empire qui nous a donné l'Islam. Je pensais que ce serait relativement facile. On dit que l'islam était né dans la lumière vive de l'histoire. Mais quand j'ai commencé à travailler sur le projet, j'ai découvert que ce n'était, en fait, pas le cas du tout. S'agissant des débuts de l'Islam, il n'y a pas de lumière vive de l'histoire. Seulement une sorte d'obscurité. Et quand vous commencez à creuser, rien ne semble vraiment sûr. Depuis le début, je me sentais comme aspiré par un trou noir. Le problème pour écrire sur l'histoire de l'apparition de l'Islam, c'est que nous avons une absence de preuves. Nous n'avons rien sur quoi nous baser pour raconter l'histoire. Je m'attendais à trouver des témoignages de musulmans du 7ème siècle. Mais il n'y a rien. Je ne peux rien trouver. Il y a un réel problème ici. Vous plongez dans les origines des croyances profondes des musulmans, mais où sont les preuves historiques ? Parfois, la croyance du croyant, et la compréhension de l'érudit, ne peuvent pas être conciliées. C'est un choix entre travailler sur l'histoire et ne pas travailler sur l'histoire. Donc, je travaille sur l'histoire, même si elle peut blesser les gens. Il faut dire les choses que les croyants ne disent pas. Des choses qui, parfois, choquent les croyants. Des choses qui parfois les mettent très en colère. On pourrait dire qu'il s'agit d'une histoire de détective Pourquoi la plupart des indices semblent manquer ? Quand les Romains ont conquis le Moyen-Orient, ils ont laissé derrière eux toutes sortes de preuves - des histoires, des inscriptions, des pièces. Mais avec la conquête musulmane : rien. Que pouvons-nous réellement dire sur Mohammed ? Que savons-nous vraiment sur les origines de l'islam ? Par où commencer ? Eh bien, peut-être devrions-nous commencer au début du 7ème siècle. Il est minuit moins cinq, et l'ancien monde est sur le point de changer pour toujours. Nous sommes à Istanbul. En 632, c'était Constantinople. Pendant 300 années, la capitale de l'Empire romain. Une ville chrétienne au cœur d'un monde chrétien. Une religion universelle pour un empire universel. C'était la recette romaine du pouvoir. Une idée pleinement appréciée par les musulmans quand, près de 1000 ans plus tard, ils ont conquis la ville, et transformé la plus grande cathédrale de la chrétienté en une mosquée. Nous savons comment et quand les Romains sont devenus chrétiens parce que les contemporains nous disent tout cela. Mais ce que nous ne savons pas, c'est comment les Arabes sont devenus musulmans. Faites un voyage dans le passé et vous ne pouvez pas être sûr de l'endroit où vous arriverez. L'histoire est comme un labyrinthe. Une fois que vous êtes à l'intérieur, qui sait où cela va vous mener ? Donc, nous sommes ici - le Grand Palais des empereurs romains du Constantinople chrétien. Étrange de penser que, au de début du 7ème siècle, lorsque Mohammed était encore en vie, c'était vraiment le centre du monde. Quelle poésie atroce que de considérer que tout ce que vous voyez ici, n'est plus que gravats. Parce que c'est quelque chose qui a été brisé en mille morceaux, qui garde tout juste une trace minuscule de ce qui était, à l'époque, le centre du plus grand pouvoir de la planète. C'est la Maison Blanche, c'est là que vit l'empereur, c'est le Pentagone, c'est le cœur du système de défense, c'est la Cour suprême -où les lois sont ébauchées, faites et délivrées, tout cela dans cet endroit qui domine Constantinople, la ville de Constantin, le premier empire chrétien, la ville la plus grandiose du monde. Et maintenant, il n'y a plus rien. Ça se trouve dans le jardin d'un quidam moyen. Vous avez la route d'un côté, vous avez le train de l'autre. Et la seule chose à voir, c'est un chat. En 630, l'Empire romain venait de vaincre la pire crise de son histoire. Ses ennemis de toujours, les Perses, avaient envahi ses plus belles provinces. Les troupes perses avaient atteint les murs de Constantinople elle-même. Puis, après 25 ans de guerre, les Perses furent vaincus. L'empereur romain était, une fois de plus, le maître de l'univers. À un tel moment, comment aurait-il pu concevoir l'idée de la ruine que les cieux lui réservait ? Professeur, est-ce que quelqu'un comme moi, qui n'est pas musulman, et qui ne croit pas que Dieu a parlé à Mohammed, peut espérer trouver la vérité sur les origines de l'islam ? Non.Les Arabes Oui, c'étaient bien les Arabes Le prophète Mohammed était un Arabe, comme nous Un bédouin. Le visage de la conquête arabe. Les troupes de choc, qui au 7ème siècle, ont surgi hors d'Arabie, et forgé un empire colossal, s'étendant sur la moitié du monde. Et ici, dans le désert, personne ne doute que les conquérants étaient bien musulmans. Le prophète et ses amis ont tout abandonné, ils ne se souciaient pas des choses de valeurs, des biens ou même de leur enfants, ils ne se souciaient pas du risque d'être tués, ou de mourir de faim, ou de se perdre, Tout était pour l'islam. Tout était pour l'islam. C'est ce qu'ils disent aujourd'hui, les victoires, la conquête, l'empire. Mais comment pouvons-nous savoir que l'Islam existait à l'époque ? Tout a commencé avec le Prophète C'est pour cela que nous vivons aujourd'hui … Nous, les musulmans, sommes leurs descendants Nous sommes leurs descendants Pour les anciens, les Arabes étaient des sauvages notoires. De tous les peuples de la terre, le plus méprisé et insignifiant. Pourtant, après dix ans dans la première moitié du 7ème siècle, ils avaient pris à l'Empire romain ses provinces les plus riches, écrasé l'Empire perse, et pris possession de la majorité du Moyen-Orient. Une réussite stupéfiante. Pour la plupart des musulmans, c'est un miracle. Dieu seul aurait pu faire cela. Les bédouins arabes… ils étaient en marge de l'histoire durant l'empire romain. Le fait que grâce à un tel peuple, toute l'Afrique du Nord et l'Espagne aient pu être transformées en juste quelques décennies, et une toute nouvelle civilisation créée en moins d'un siècle, de la Chine à la France… C'est un fait historique. Et tout a commencé, dit l'histoire, quand un marchand du nom de Mohammed, dans une grotte dans la montagne, a entendu quelque chose d'aussi terrifiant que grandiose, la voix d'un ange. "O Mohammed, tu es l'apôtre de Dieu." Dieu avait parlé aux Arabes. Le message était aussi clair qu'il était simple. Il n'y a qu'un seul Dieu. Mohammed est le prophète de Dieu. L'Islam est la soumission à Dieu. Et c'est ce message qui leur a donné un empire. Ou bien était-ce autre chose ? Personne ne doute que les conquêtes ont vraiment eu lieu, mais la question est : était-ce grâce à l'islam ? Si vous étiez un chrétien ou un juif ou un adepte d'une autre religion, pour qui une réalité similaire existe, il vous serait plus facile d'y croire. Il y a un proverbe arabe très célèbre qui dit, "Ne pas être en mesure de savoir quelque chose, n'est pas une preuve que ça n'existe pas". Mais y croire, faire le saut de la foi, n'est pas aussi facile qu'il n'y paraît. Dans les universités occidentales, la recherche historique se fonde sur le scepticisme, sur le doute. Et tout comme les générations précédentes de savants ont braqué les projecteurs sur la vie de Jésus, maintenant, certains jettent un nouveau regard radical sur la vie de Mohammed. Patricia Crone est professeur à Princeton, elle faisait partie d'un certain nombre d'historiens dont les recherches sur les racines de l'Islam ont fortement divisé le monde des études proto-islamiques. "Vous ne pouvez pas rejeter l'histoire musulmane", écrit-elle, "mais vous ne pouvez pas l'accepter, non plus." La seule solution est de sortir hors de la tradition islamique " ,"et de recommencer tout le travail historique." Il y a un voile, en ce qui concerne Mohammed, et vous ne pouvez pas voir derrière. Que savons-nous de lui et de sa vie ? Ah, eh bien, nous savons qu'il existait, nous savons qu'il était actif quelque part en Arabie, nous savons qu'il est associé avec le livre, le Coran, qu'il était celui qui l'a récité, mais cela ne nous dit pas ce qui s'est réellement passé, ce qui est, bien sûr, ce qu'un historien aimerait reconstruire. Nous avons une absence de preuves. Nous avons le Coran, mais on ne peut pas rendre compte de l'Histoire sur la seule base du Coran Nous avons différentes sources non-musulmanes des débuts de l'islam. Elles sont insuffisantes pour écrire l'histoire. Nous n'avons rien, nous avons ce livre sorti de... de rien. C'est l'obscurité totale. Mais ici, ce n'est pas la façon dont ils voient les choses. Les bédouins pensent qu'ils savent tout de Mohammed, son caractère, ses épouses, même sa nourriture préférée. C'est toute un monde fondé sur des histoires de Mohammed. Le Prophète a vécu sa vie grâce aux chameaux. C'est le seul animal que les bédouins connaissent. C'est comme ça que nous vivons et survivons avec patience, la patience est une vertu. Nous survivons sans eau et sans nourriture, comme le prophète avant nous. C'est comme ça que les armées de l'Islam ont été capables de traverser le désert, et de diffuser la parole de l'islam, inch'Allah Mais voilà le problème : comment savons-nous que c'était bien comme ça ? Comment faire la différence entre ce qui s'est vraiment passé et les ouï-dires et les mythes ? Savons-nous si le prophète Mohammed est venu ici ? Oui. Quand il a voyagé en venant de La Mecque, le prophète s'est arrêté sous un arbre dans un endroit appelé Al-Safawi. Y avait-il un arbre ? Mohammed était-il vraiment un marchand itinérant ? La preuve est presque inexistante. Les premières biographies dont nous disposons ont été écrites près de 200 ans après la vie de Mohammed. Dans la plupart des religions, la tradition a été transmise à travers l'histoire orale, depuis des millénaires. On a mis ça de côté. Maintenant on appelle ça l'histoire positive. La tradition orale est complètement niée. Eh bien, la tradition orale signifie que vous vous rappelez ce que vous voulez. Une partie doit être de l'histoire réelle, mais la plupart n'est clairement pas de l'histoire réelle. C'est juste qu'elles ont été remodelées, repensées, elles ont été prises hors de leur contexte d'origine pour servir de nouvelles fonctions, elles ont été nettoyées par… nettoyées, ou mélangées si vous voulez, par toutes sortes d'intérêts que les gens ont dans leurs mémoires. Supposons qu'il n'existe aucun texte de l'époque du prophète mentionnant son nom, la même chose est vraie du Christ, la même chose est vraie de Moïse, ça ne veut rien dire, car il y a toujours la tradition orale. Parfois, si vous avez d'autres sources venant d'autres points de vue, vous pouvez soudainement voir ce qui a changé, et puis lorsque vous pouvez le voir, vous pouvez voir aussi pourquoi ça a changé, mais parce que l'Islam a surgi dans un coin relativement éloigné du monde, nous n'avons pas ces confirmations, nous n'avons pas encore la clé qui peut débloquer la tradition. Je suis venu ici pour me rapprocher de la tradition. et quand vous êtes ici, vous pouvez sentir son poids. Elle est dans l'air. Elle est palpable. Elle ne peut pas simplement être écartée. Des millions et des millions de personnes y croient, c'est leur histoire. Un univers moral entier a été construit autour des histoires racontées sur Mohammed. C'était l'Age de l'ignorance, avant l'Islam, quand un homme avait une fille, il la tuait, il la voyait comme un déshonneur, Il l'emmenait et l'enterrait vivante, L'un des disciples avait une fille. Il est allé l'enterrer. Et alors qu'il creusait le trou, quand le sable giclait dans sa barbe, elle lui enlevait gentiment. Mais il l'a enterrée vivante. Mais le prophète est venu et a mis fin à ces pratiques terribles. Écoutant toutes ces histoires, une partie de moi est très émue, l'autre partie de moi se demande : "Eh bien, comment savez-vous cela ? "D'où viennent toutes ces histoires ? " Sont-elles vraiment authentiques ? " Peu à peu, en Occident, pour l'élite intellectuelle, le sens du sacré a été perdu. Un membre d'une tribu en Afrique ou en Amazonie a un sens naturel du sacré, tandis qu'un étudiant diplômé d'Oxford ne l'a probablement pas. Il y a des sujets qu'il faut aborder avec prudence Les musulmans croient que dès le début, les grandes conquêtes arabes étaient toutes dues à l'Islam. Mais au 7ème siècle, vous pouvez à peine trouver une nouvelle religion appelée islam, mentionnée dans les documents historiques. Et c'est pourquoi je suis venu ici. Nous sommes à Jérusalem. Cela fait très longtemps qu'on construit des murs ici . Mais ils n'ont encore jamais construit un mur qui garderait les gens en sécurité pour toujours. Dans l'Histoire, la ville de Dieu a toujours été l'un des endroits les plus convoités au monde, celui qu'il fallait conquérir ici, plus que partout ailleurs, dans ce qui était le monde de l'Empire romain, On vit toujours comme aux 6ème et 7ème siècles. Les mêmes tensions, les mêmes angoisses. Pendant des milliers d'années, Jérusalem a été façonnée et organisée par les religions de ses dirigeants. Quand les Juifs régnaient, ils ont construit un temple gigantesque qui dominait la ville. Plus tard, quand l'Empire romain est devenu chrétien, Jérusalem a été transformée en centre mondial de pèlerinage chrétien. Regardez le plan des rues maintenant, et vous voyez la carte d'un monde chrétien. Les juifs étaient partis, effacés du tableau. Les Romains ont construit un nouveau saint des saints. Le Saint-Sépulcre, une vaste cathédrale, construite sur le site traditionnellement accepté comme étant celui de la crucifixion de Jésus. C'est ainsi que Dieu et l'Empire fonctionnaient. L'Empire romain croyait en Dieu... Et Dieu croyait dans l'Empire romain. Mais alors, en l'an 636, Dieu a changé d'avis. Des maraudeurs arabes apparaissent en dehors des murs. Sophrone, l'évêque de la ville, écrit qu'il est trop dangereux de sortir. Les Arabes se rapprochaient. Et il n'y avait rien que les habitants de la Jérusalem chrétienne pouvaient faire à ce sujet, sauf à rester où ils étaient à faire le guet depuis les murailles et attendre l'arrivée des Arabes. Et du fond du désert, ils sont arrivés. Et ils étaient devenus invincibles. En 636, ils ont battu une armée romaine à Yarmouk. Peu de temps après, ils ont battu une armée perse à Qadisiya. Deux empires trop faibles après s'être si longtemps combattus, pour résister aux Arabes. Ils ont avancé dans les riches provinces des empires vaincus. Et moins de cinq ans après la mort de Mohammed, ils se sont donnés la Terre Promise comme objectif. Le pays où coulent le lait et le miel. La terre que Dieu avait promis aux Juifs. Maintenant, les Arabes étaient venus réclamer cet héritage pour eux-mêmes. Les enfants d'Israël avaient fait de cette terre une terre juive. Les Romains en avaient fait une terre sainte chrétienne. Si les Arabes sont arrivés avec une nouvelle religion, alors nous devrions être en mesure de trouver son empreinte ici. Les sources chrétiennes contemporaines ont confirmé qu'à la fin des années 630, les Arabes ont pris Jérusalem par négociation pacifique. Mais ce qu'elles ne disent pas, c'est quelle était la religion des conquérants. La vérité sur la question est que nous ne savons pas quelle était réellement la religion des premiers conquérants arabes. Nous avons un problème parce que ce groupe de personnes de l'Arabie est minuscule. Et ils contrôlaient des populations beaucoup plus importantes, qui sont très bien structurées sur le plan théologique, des chrétiens, et des Juifs, et des zoroastriens, avec des idées religieuses très sophistiquées. Pourquoi ces populations ne se sont-elles pas rebellées contre leurs "maîtres musulmans", si ces maîtres musulmans tentaient alors d'imposer quelque chose de totalement différent, hostile à leurs propres croyances ? Que recherchaient les Arabes ? Quelles étaient leurs motivations ? Nous savons qu'ils se sont appelés croyants, mais croyants en quoi ? Certains témoins chrétiens contemporains nous disent que les Arabes croyaient en un dieu unique, et qu'ils ont suivi un guide ou un instructeur. Mais, en général, leur compréhension de la croyance des Arabes n'était pas claire du tout. Était-ce une forme de judaïsme ou une sorte de christianisme ? Ou avaient-ils une nouvelle religion bien à eux ? Pour les juifs, ainsi que pour les chrétiens, ce sont des gens venant du désert. Ils ne savent pas qui sont ces gens. Ils ne savent pas vraiment ce qu'ils croient. Ils entendent des choses. Mais peut-être que l'on peut s'en faire une idée Au début, les nouveaux maîtres arabes semblaient plus proches des Juifs. Ils n'étaient pas intéressés par les lieux saints chrétiens. Au lieu de cela, ils ont commencé à prier sur les ruines de l'ancien temple juif. Tout cela n'a fait qu'accroître la paranoïa des chrétiens. Derrière l'invasion des Arabes, ils ont commencé à soupçonner une conspiration juive. Dès le moment où les Arabes ont repris Jérusalem, ils sont tout de suite venus ici, sur ce qui est maintenant cette large esplanade, ouverte et artificielle. Le lieu le plus sacré pour les Juifs du monde entier. Donc le fait que les conquérants arabes soient venus ici et aient construit un lieu de prière à cet endroit aussi important, a inévitablement soulevé des questions Les Juifs espèrent que ces Arabes du désert viennent en libérateurs. Ils ont permis aux Juifs de revenir au Mont du Temple et d'y prier. Et les Juifs ont commencé à croire que, peut-être, il y a quelque chose de messianique chez ces personnes, et peut-être que leur chef est le Messie, qui leur permettra de reconstruire le temple. Les théologiens chrétiens, qui parlent des conquérants arabes, trouvent qu'il est très difficile de comprendre qu'ils ont affaire à une nouvelle religion. Qui sont-ils ? Une chose est absolument claire. Personne n'avait la moindre idée que les Arabes faisaient ce qu'ils faisaient au nom d'une nouvelle religion fraîchement éclose et cohérente. Encore moins que ce qu'ils faisaient était au nom de quelque chose appelé islam. Alors, est-ce que l'Islam existait seulement dans les premières années après Mohammed ? À Jérusalem, 30 ans après la conquête, c'était 'business as usual'. Il y avait des pèlerins chrétiens dans les rues. Les églises étaient pleines. Les religions anciennes pratiquaient leurs rites anciens. Mais où était le prophète dans tout cela ? 30 ans après la mort de Mohammed, ici à Jérusalem, un chef de guerre arabe nommé Muawiya a été acclamé comme chef du nouvel empire arabe. Mais si Muawiyah était musulman, il n'en a quasiment rien montré La chose étonnante est que nulle part, sur aucune de ses inscriptions, sur aucune de ses monnaies, et sur aucun de ses documents, il n'y a la moindre mention de Mohammed. J'ai essayé de pister les origines de l'Islam. Mais c'est un mystère encore plus grand que ce je n'aurais jamais pu imaginer. Ceci est le livre saint de l'islam. Et c'est la première source de l'Islam que nous avons. Découvrez où le Coran a été composé et vous découvrirez où est ce que Mohammed prêchait et agissait, et donc vous pourrez vous faire une idée de l'endroit où l'islam a pu naître. Dans le Coran, il est dit que Mohammed à suivi le chemin foulé par Abraham. Peut-être que c'est l'endroit où il faut commencer à chercher. Je suis à Hébron qui est une ville en Cisjordanie, et je suis actuellement dans une colonie juive. Mais Hébron est aussi une ville palestinienne, et donc l'ambiance ici est probablement aussi tendue qu'ailleurs entre Israéliens et Palestiniens. Il y a des soldats israéliens ici avec de la grosse artillerie. Et ce qu'ils gardent ici, c'est ça, le lieu de sépulture d'Abraham.
[CHANTS ET PRIÈRES]
Abraham, à travers la lignée de son fils Isaac, était le père des juifs. Quand tous les autres étaient encore païens, Abraham se prosternait devant le seul vrai Dieu. Et, pour cela, Dieu l'a récompensé lui et ses descendants avec la Terre promise, dont fait partie aujourd'hui, l'État d'Israël. Ceci est le tombeau d'Abraham. Et la raison pour laquelle les soldats sont ici est que ce ne sont pas les seules personnes qui le considèrent comme leur ancêtre. Et ils ne sont pas les seules personnes qui croient que Dieu leur a donné la terre promise. De l'autre côté de la grille, ce sont des musulmans. Et ils racontent une histoire différente. Voici le côté musulman. Et la raison pour laquelle ils reconnaissent Abraham est que, tout comme Isaac, il a eu un autre fils. Ismaël, le père des Arabes. Voici le tombeau d'Abraham qu'on a vu plus tôt du côté juif. Mais nous le regardons maintenant du côté musulman. L'importance d'Abraham, et cette association qui a été faite entre les Arabes et les Ismaélites, les enfants d'Ismaël, est en réalité beaucoup plus vieille que l'Islam lui-même. Elle reste au cœur de l'islam à ce jour. Selon les musulmans, Abraham est leur prophète et la religion qu'il a fondée n'était pas la religion des juifs, mais l'islam. Et dans le Coran, nous lisons qu'Ismaël a aidé Abraham à construire une maison de Dieu à un endroit appelé Bakkah. Ni le Coran ni aucune autre source contemporaine ne précise vraiment où Bakkah se situait, mais les musulmans, maintenant, n'ont absolument aucun doute que Bakkah est un autre nom pour un lieu au plus profond du désert d'Arabie. La Mecque. La ville la plus sainte de l'Islam. Le lieu de naissance de Mohammed. C'est la plus grande mosquée du monde. En son centre, la Kaaba, la Maison de Dieu. D'abord construite par Abraham et son fils Ismaël, sur les fondations établies par le premier homme, Adam. Ce lieu est plus ancien et plus saint que n'importe où ailleurs dans le monde. C'est dans les hauteurs de la ville que Mohammed a reçu la première de ses révélations de Dieu. Ces révélations formeront le livre saint de l'islam, le Coran, la parole même de Dieu. La Mecque… est l'endroit où les musulmans croient que tout a commencé. Le carrefour de la foi et de l'histoire. C'est sûrement ici alors, pensez-vous, que nous pourrions trouver des preuves solides concernant les débuts de l'Islam. Mais il y a un problème. Mis à part une seule mention ambiguë dans le Coran lui-même, il n'y a aucune trace de La Mecque, pas une seule mention dans aucun des textes que l'on puisse dater, jusque 100 ans après la mort de Mohammed. Comment pouvons-nous savoir que Mohammed est bien originaire de La Mecque ? Nous ne pouvons pas. Mais, d'autre part, s'il ne vient pas de là, vous auriez à mettre sur la table une alternative plausible expliquant d'où il aurait pu vraiment venir et pourquoi alors vouloir le faire venir de La Mecque. Pourquoi vouloir le faire venir de là ? Eh bien, vous savez, c'est ce que font les historiens. Si les choses n'ont pas de sens, vous essayez autre chose qui pourrait en avoir. Nous y voilà. Alors c'est ça ? Oui, nous y sommes. Dans le Coran, on dit aux fidèles de prier dans la direction d'un sanctuaire sacré. Mais ce qu'il ne dit jamais, c'est que ce sanctuaire se trouvait à La Mecque. Et, pour certains archéologues, quelques mosquées anciennes suggèrent quelque chose de différent. Nous parlons d'une des plus anciennes mosquées que nous ayons. Et vous la datez 100 ans après Mohammed ? Quelque part aux alentours des 100 ans. Car ici, au fur et à mesure que nous avançons, vous pouvez voir. C'est tout ? C'est ça, oui. C'est LA mosquée ? C'est LA mosquée. - Et ce que vous pouvez - C'est, c'est - Et ce que vous pouvez voir ici, - [Rires] nous avons un axe qui ne fait pas face à La Mecque, qui ne fait pas face au sud, en fait il fait face à l'est, vers le soleil levant. Ceci est un exemple de l'époque avant que la direction ait été définie, vers La Mecque. Donc, l'implication est que, à ce stade précoce de l'Islam, la direction de la prière n'avait pas encore été absolument fixée ? La direction de la prière n'avait pas été encore bien établie, oui. Donc, c'est un peu comme le béton qui n'a pas encore pris. Vous pouvez toujours jouer avec, vous pouvez toujours bricoler avec, - vous pouvez expérimenter avec. - Tout à fait.Oui. Ce n'est peut-être pas un indice décisif. Mais c'est assez suggestif que, même s'il n'y a aucune source musulmane, il y a des rapports venant d'écrivains chrétiens de l'époque que les conquérants arabes s'inclinaient en priant non pas en direction de La Mecque, mais dans une direction tout à fait différente, quelque part plus au nord. Dans le Coran… il n'est en fait jamais dit que Mohammed vivait à La Mecque. Non plus que La Mecque était l'endroit où les premières révélations ont eu lieu. Est-ce que le texte du Coran pointe La Mecque comme étant le lieu des révélations de de Dieu à Mohammed ? Non, ce n'est pas le cas. Je veux dire, il est fait mention d'un sanctuaire, il y a un sanctuaire, c'est sûr. Mais où est ce sanctuaire, ça, bien sûr, nous ne pouvons pas le dire. C'est diablement difficile de, en quelque sorte, extraire du texte ce qu'aurait pu être le contexte. Dans la tradition musulmane, les gens de La Mecque sont païens, adorateurs d'idoles. Mais, en fait… Les gens que le Coran décrit ont une connaissance profonde et sophistiquée de la tradition biblique. Le Coran raconte l'histoire biblique et fait allusion aux histoires bibliques, pas seulement bibliques, mais aussi les développements post-bibliques. Tout cela est clairement connu des auditeurs de la prédication. Cela suggère que ce que nous avons est une sorte de réponse, sur une partie de, disons, Mohammed aux débats qui se déroulaient dans les communautés chrétiennes et juives. Ils débattaient des problèmes et des questions théologiques qui sortent de la Bible hébraïque et sortent du Nouveau Testament. Et le Coran semble être un effort pour participer à la discussion et donc il y a un lien fort avec les discours religieux de l'antiquité tardive qui étaient en cours dans tout le Proche-Orient. Donc, ce n'est évidemment pas d'un monde païen dont nous parlons. Les gens dans le Coran vénèrent un dieu unique. Mais il les accuse alors de prier pour des êtres autres que Dieu. Et il y a autre chose. Les gens à qui le prophète s'adresse dans le Coran sont des paysans, des agriculteurs, mais il n'y avait pas d'agriculture à La Mecque. La Mecque n'a pas de base agraire. La Mecque semble avoir été une vallée assez aride. Si La Mecque est ce lieu stérile, infertile, comment se fait-il que, dans le Coran, les adversaires du prophète sont décrits comme gardant du bétail et cultivant des olives et des vignes ? Hum, bonne question. C'est l'une des raisons pour lesquelles certains chercheurs estiment que le texte du Coran est plutôt à relier, disons, à la Syrie. Parce que c'est là où poussent les vignes et les olives, beaucoup plus au nord. La Syrie géographique, vous ne trouvez pas d'oliviers à La Mecque. Donc, si La Mecque n'était pas le point de départ de l'Islam, où était-ce ? Si l'on suit les indices donnés par le Coran lui-même… alors il faut chercher un territoire habité par des Arabes cultivant l'olivier, qui ont une connaissance profonde de la tradition biblique, mais dont le monothéisme peut sembler, pour certains, comme un peu dévoyé. Voici la ville d'Avdat, dans le désert du Néguev. Au début du 7ème siècle, c'était une ville arabe aux portes mêmes de l'Empire romain. Une ville chrétienne, mais avec des indices d'un passé païen récent. Il ne fait aucun doute qu'il s'agit d'un lieu de culte chrétien. Il y a deux croix sur le plafond. Mais il y a aussi quelque chose de très intéressant dans le coin, c'est un taureau avec des cornes. Et le taureau est une image qui, très probablement, est tirée de traditions païennes arabes indigènes beaucoup plus vieilles, Cela ne signifie pas que les chrétiens qui ont fait ceci étaient, eux-mêmes, païens, mais ça signifie, je pense, qu'ils donnent à leur monothéisme, à leur croyance en un dieu unique, un peu de couleur païenne. Et ça, pour l'essentiel, c'est le crime dont Mohammed, dans le Coran, semble accuser ses adversaires. Mais Avdat avait plus que la bonne couleur religieuse. Elle avait aussi l'agriculture et les olives. Du temps de Mohammed, tout ceci aurait été vert. Ç’aurait été des champs agricoles aussi loin que la vue porte. L'archéologie ne laisse aucun doute qu'il y avait un système d'irrigation sophistiqué ici qui a vraiment fait fleurir le désert. Et donc, bien que cela ne signifie pas que cette Avdat soit l'endroit exact où le Coran a été composé, cela signifie, je pense, que la région dans son ensemble, semble correspondre au contexte plus large du Coran bien mieux que les territoires situés beaucoup plus au sud, dans la région aride de La Mecque. Quand vous lisez le Coran encore et encore, ce qui est vraiment frappant, par rapport, disons, à la Bible, qui est pleine d'allusions à des paysages reconnaissables, que nous connaissons. Dans le Coran, il faut faire un effort pour trouver une allusion à un quelconque paysage ou à un cadre naturel que nous pourrions réellement cerner. En fait, dans l'ensemble du Coran, il n'y a vraiment qu'une exception. Non loin d'Avdat, un étrange indice d'où le Coran pourrait effectivement venir. Nous sommes sur la rive sud de la Mer Morte. Entre ce qui est maintenant, Israël et la Jordanie. Lot était le neveu d'Abraham, et il est allé s'installer dans une ville appelée Sodome. Et les gens de Sodome étaient notoirement "bons vivants". Sans surprise, cela provoqua la colère de Dieu. Il a détruit sa ville et on dit que cela serait les restes de Sodome, où la colère de Dieu a été déversée sur elle. Et le Coran : "Et Lot était, certes, du nombre des Messagers, "Quand Nous le sauvâmes, lui et sa famille, tout entière, "sauf une vieille femme qui devait disparaître avec les autres, "Et Nous détruisîmes les autres. "Et vous passez certainement auprès d'eux le matin et la nuit." Mais si les gens à qui s'adresse le prophète passent par cet endroit jour et nuit, alors que fait-il ici ? À 1 000 kilomètres de La Mecque. Pour quelqu'un qui est à la recherche d'indices… Vous êtes à peu près dans la même situation qu'un chercheur d'or. Et je pense que ce passage est juste une petite paillette. Je veux dire, il y a une possibilité, bien sûr, qui est que cet extrait soit originaire de ces environs. Peut-être que le reste provenait d'ailleurs. Mais cela soulève alors la question d'où viennent toutes les différentes parties qui constituent le Coran. Doivent-elles être attribuées nécessairement à une personne vivante à un moment précis ? Encore une fois, lorsque vous commencez à poser cette question, il est très difficile de savoir jusqu'où elle peut mener. C'est de l'Occident que provient ce genre d'histoires. que la raison serait l'ultime décideur et juge de la vérité. Mais ce que je dis, c'est que ces histoires ne vont pas vraiment vous donner la raison qui satisfait la logique. Où pensez-vous qu'est le lieu le plus probable de son origine ? Aah, bien. Ça, je ne sais pas. [Rires] Ça, je ne sais pas. Je ne pense pas que je devrais spéculer là-dessus. OK. Très bien. [Rires] OK. Ma plus grande crainte est que j'aie complètement tort. Je me réveille parfois au milieu de la nuit en pensant que j'ai tout faux. Une fois que le monde est réduit à un monde mécanique, alors tous les autres niveaux de réalité perdent leur statut et deviennent irréels. Et ils sont relégués dans le domaine de ce qu'on appelle la superstition. Et ce qu'on ne voit pas… est considéré ne pas exister. Essayer de retrouver les origines de l'Islam a été comme courir après un mirage. Les Arabes ont conquis la moitié du monde, mais ils ne parlent pas de Mohammed. Il n'y a aucune mention de La Mecque. Alors que font-ils dans les romans de détective ? Ils suivent l'argent. Est-ce qu'elle sont - quelle est la première pièce de monnaie qui mentionne effectivement le nom du prophète Mohammed sur les pièces de monnaie ? Est-ce qu'une de ces pièces mentionne Mohammed par son nom ? Euh, là c'est Muawiya. Oui, mais est-ce que le nom du prophète Mohammed est mentionné ? Non, non. Chaque pièce raconte une histoire. Chaque inscription véhicule une idée de puissance. Mais parfois, ce qui n'est pas sur la pièce peut être tout aussi important que ce qui l'est. Il serait agréable de voir la première pièce qui mentionne Mohammed. La plus ancienne pièce de monnaie avec le nom de Mohammed, ils ne l'ont pas, mais… C'est juste que- c'est étrange que 60 ans après la mort de Mohammed, il n'y ait aucune mention de Mohammed. Pendant près de 60 ans, les maîtres de l'empire arabe n'ont pas mis Mohammed sur leurs pièces. Et puis ils l'ont fait. Peut-être que 60 ans était ce dont ils avaient besoin pour finaliser ce qu'était vraiment l'histoire. Peut-être que la question n'est pas pourquoi Mohammed n'était pas sur les pièces au début, mais comment il a fini par y être. Et si j'avais posé la mauvaise question ? Et si ce n'était pas l'islam qui avait donné naissance à l'empire arabe ? Mais si c'était plutôt l'empire arabe qui avait donné naissance à l'Islam ? L'Empire était riche au-delà de toute imagination. Vers 685, il s'étendait du nord de la Perse à l’Égypte et en Afrique du Nord. Mais qui avait le droit de le diriger ? Une question essentielle sur laquelle les Arabes n'arrivaient pas à s'entendre. Et avec tellement de choses en jeu, ils ont commencé à se faire la guerre les uns contre les autres. Nous sommes en 680. 50 ans après la mort de Mohammed. Une spirale meurtrière de rébellion et de guerre civile menace l'empire arabe qui risque d'imploser. Et du plus profond du désert d'Arabie, un nouveau prétendant au trône émerge. Son nom ? Abdullah Ibn Al-Zubair. Et Ibn Al-Zubair va changer les règles du jeu. Ce que j'ai trouvé ici, c'est la pièce que je cherchais dans le Musée des Monnaies. Et elle est frappée, littéralement, au coin du génie d'Ibn Al-Zubair. Elle a été frappé en 685, 686, C'est plus d'un demi-siècle après la mort de Mohammed. Et il porte un slogan nouveau et fatidique, "Au nom de Dieu, Mohammed est le prophète de Dieu." Et ici, enfin, émergeant du trou noir, nous trouvons enfin la mention d'un prophète s'appelant Mohammed. Et c'est la première fois qu'on peut la trouver parmi toutes les inscriptions, tous les documents survivants de cette époque. Ibn Al-Zubair avait bien compris ce que Constantin, le premier empereur romain chrétien, avait compris bien avant lui, qu'il n'était pas bon d'être à la tête d'un empire terrestre, et de prétendre avoir les grâces du Seigneur, s'il ne pouvait pas démontrer avec une certitude absolue, le fondement sur lequel il faisait cette affirmation. Et Constantine, dans sa tentative d'obtenir cette confirmation, s'était tourné vers l'église chrétienne. Mais Ibn Al-Zubair se tourne vers la figure de Mohammed. Par la suite, Ibn Al-Zubair perd la guerre civile, il est vaincu par un chef de guerre rival qui prétend aussi au trône de l'empire arabe. Mais la découverte que le nom de Mohammed peut être utilisé pour fonder la puissance temporelle, n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd. La guerre civile avait été très serrée. Et le chef de guerre victorieux, Abd al-Malik, s'est montré très soucieux de ce que la postérité de Mohammed ne puisse jamais tomber dans les mains d'un dangereux rival. Les Romains savaient tout de la religion et du pouvoir. Quand ils étaient devenus chrétiens, ils avaient redessiné la carte de Jérusalem. Et donc, Abd al-Malik s'est lancé dans le projet de façonner la ville sainte dont il avait besoin. Dieu, que c'est beau. Le Dôme du Rocher. C'est la plus ancienne construction islamique. Dans sa conception, elle était romaine, et Abd al-Malik faisait autre chose de typiquement romain. Relier son autorité à la puissance de Dieu. Sur les murs, il y a un énoncé sans équivoque. "La religion, aux yeux de Dieu, est l'islam." Il y a des mentions de Mohammed, des citations du Coran. Enfin, quelque chose que nous pouvons incontestablement reconnaître comme une nouvelle religion. On voit bien ici que quelque chose de nouveau est en train de naître. Il y a cette dimension du passé, les piliers de style romain et les mosaïques. Et pourtant, ce n'est clairement pas romain, ce n'est clairement pas chrétien, c'est le début de quelque chose de très, très puissant. Un signe avant-coureur d'un futur spectaculaire. Il a été construit sur le site même de l'ancien temple juif. Ici-bas, la première pierre de fondation du monde. L'endroit où la terre et les cieux se rejoignent. C'est certainement l'un des lieux les plus extraordinaires de toute la planète. Il est profondément, profondément sain, pas à une, mais à deux grandes religions. C'est l'endroit où les Juifs croient que Dieu habite la Terre, le Saint des Saints, la Shekinah. Et pour les musulmans, c'est la grotte où Mohammed priait après avoir été amené ici de La Mecque avant de monter au ciel pour être confirmé comme étant le dernier des prophètes. Donc, en termes religieux, c'est comme une sorte de réacteur nucléaire, qui projette avec force tous ses isotopes, toute sa puissance. C'est certainement une très grande déclaration, que "nous, musulmans, vous avons remplacé, vous les Juifs. Et nous vous avons remplacé, vous les chrétiens" en le remplissant avec des inscriptions dirigées contre la foi trinitaire chrétienne. Et donc, on voit les musulmans affirmer : nous sommes ici, nous sommes là pour y rester, et nous sommes les vainqueurs. Abd al-Malik règne désormais sur son empire comme un lieutenant de Dieu, tout comme les empereurs chrétiens romains l'avaient fait. Et comme les empereurs romains, il a construit une maison de Dieu à Jérusalem. Mais Abd al-Malik, tout Seigneur de Jérusalem qu'il est, est aussi un Arabe. Peut-être que pour les Arabes, Jérusalem, par toute sa puissance ancienne et inégalée, devait trop aux Juifs et aux chrétiens pour rester la seule ville sainte du nouvel empire arabe. Un poète à la cour d'Abd al-Malik le décrit comme le Seigneur de deux maisons, consacrées à Dieu. L'une à Jérusalem, et l'autre, et bien, il ne dit pas où elle est. Et durant les 100 ans qui suivent la mort de Mohammed, personne ne dit où elle est. Toutes les sources l'appellent "un endroit dans le désert." C'est "un sanctuaire dans le désert", sans lui donner un nom. Il faut donc qu'à un moment ou un autre, ce sanctuaire ait été placé à La Mecque, au milieu du désert. Mais pourquoi ? La vérité sur le sujet est que nous ne savons pas quelle était vraiment la religion des premières cultures arabes. C'est une histoire arabe. Les Arabes viennent du désert. Dieu parle aux Arabes. Ils ne veulent pas que les juifs ou les chrétiens aient une quelconque influence sur Mohammed. Le prophète Mohammed était un Arabe, comme nous. Nous sommes sa progéniture. Nous sommes ses descendants. Le Coran est en arabe, le Coran est plein de personnages de la Bible. Mais si le livre est sorti du désert, comment ces personnages sont-ils arrivés là ? Nous n'avons rien. Nous avons seulement ce livre, sorti de nulle part. Nous n'avons pas la clé qui peut débloquer la tradition. Mais peut-être que c'est là le point. Nous ne sommes pas censés déverrouiller la tradition. Le message de Dieu arrive à un prophète, le prophète vit dans un désert. Il n'y a de place pour personne d'autre. C'est éloigné. C'est éloigné, c'est non contaminé, c'est pur. C'est un endroit où nous pouvons exclure que Mohammed ait obtenu ses idées à partir d'autres sources que Dieu. Il est intéressant de noter que la vision rationaliste de l'histoire est très faible lorsqu'il s'agit d'être en mesure de fournir des causes à certains effets. "Ne pas être en mesure de savoir quelque chose" , "n'est pas une preuve que cela n'existe pas." Vous commencez par regarder dans les écrits, et vous ne trouverez que du vide. Et vous vous retrouvez dans le désert et tout ce que vous voyez est le vide. Mais peut-être que le vide est la réponse. Peut-être que La Mecque a donné à l'Islam ce dont elle avait le plus besoin, une feuille blanche… où les musulmans pourraient mettre leur prophète, au-delà de la portée de l'histoire. Professeur, pensez-vous que ce que je fais c'est être le complice de cette réalité brutale de l'impérialisme occidental, l'hégémonie occidentale ? Non, pas nécessairement. Aussi longtemps que vous êtes un homme conscient de ce que vous faites. Si vous venez en tant que chercheur ou historien occidental et qu'en toute honnêteté vous présentez ce qu'est votre vision du monde, vous dites "Quand je regarde le monde islamique à partir de ce paradigme " ,"voici ce que je vois", et que vous faites ressortir pourquoi c'est différent de la façon dont les musulmans se voient, ça, je pense, c'est un effort très honnête, et c'est un bon effort. Mais si vous essayez d'agir comme un médecin avec un enfant, "Prends ce médicament, c'est bon pour toi " . "Tu sais quoi, tu ne manges pas de bonnes choses " . "C'est comme cela que tu devrais faire." C'est là que le problème commence. Et le monde musulman ne va pas accepter ça. L'époque où les Britanniques amenaient des savants de l'Angleterre pour enseigner aux Indiens comment être hindou, ou aux musulmans, c'est fini. C'est fini. C'est vrai, avant que je commence, j'avais des idées préconçues. J'ai été élevé dans la religion chrétienne, mais j'ai aussi été élevé dans un environnement qui remet tout en question. L'étude de l'histoire ancienne est un processus de décapage, qui met à mal le peu de vérité que nous croyons trouver dans nos histoires. Ceci est censé être le mont Sinaï, où Moïse vit le buisson ardent, où Dieu lui a donné les Dix Commandements, mais il n'y a aucune preuve historique de tout cela. Un monastère chrétien, des fortifications romaines, le vieux bon partenariat, Dieu et l'Empire, entre eux, ils ont fait de cet endroit le Sinaï. Dans mon cœur, je veux le croire, mais ma tête ne va pas me laisser faire. Nous croyons qu'il y a une tradition vivante gardée par les gens d'ici, que c'est là que Dieu s'était révélé d'une façon extraordinaire. Qu'est ce que ça ferait s'il s'avérait que ce n'était pas ici que Moïse aurait reçu les Dix Commandements ? La rencontre spirituelle avec Dieu est plus importante. La réalité est là, même si vos yeux ne sont pas ouverts pour voir les choses telles qu'elles sont. Dieu est toujours présent, mais vous n'êtes pas sensible à sa présence. En fin de compte, la Cité de Dieu importe plus que la Cité des Hommes. Oui. Mais en tant qu'historien, je dois présumer que la Ville de Dieu a été construite par l'homme aussi. Je voulais décrire le passé humain en termes humains, pour en faire une carte qui corresponde aux faits. Mais je me suis rendu dans des endroits où la carte a révélé un plan céleste, des terres sacrées, des lieux sacrés, un monde où vous n'avez pas à croire en Dieu pour sentir la puissance de Dieu. Voici la Terre promise. Certains l'appellent Israël, certains l'appellent Palestine, un pays où les musulmans, les chrétiens et les Juifs se combattent encore à cause de l'histoire d'une promesse faite par Dieu à Abraham il y a des milliers d'années. Est-ce qu'il y a vraiment eu une promesse ? Ce n'est pas à l'historien de le dire. Mais le monde que les croyants font au nom de Dieu, c'est de ça que traite l'histoire. Même aujourd'hui, plus de gens vivent et meurent dans l'espoir du paradis qu'ils ne le feront jamais pour des faits historiques. Des histoires qui n'ont jamais eu lieu peuvent être infiniment plus puissantes que les histoires qui ont eu lieu. J'ai voulu écrire l'histoire des débuts de l'Islam. Si vous êtes un musulman, alors il n'y a pas de problème, tout est expliqué par Dieu. Mais je ne suis pas un musulman, et je ne pense pas que les civilisations apparaissent comme la foudre pourrait tomber au beau milieu d'un grand ciel bleu. Ce que je pense maintenant est que l'Islam est né à partir de toute une série de circonstances, à partir des religions et des empires, et des convulsions du monde qui ont vu sa naissance. Et, bien sûr, c'est toujours le cas, le trou noir qui enveloppe les débuts de l'Islam n'abandonne pas ses secrets facilement. Mais peut-être que nous sommes en train de trouver quelque chose. La recherche du Mohammed de l'Histoire, des origines du Coran, de la localisation du premier sanctuaire, de la façon dont l'Islam a évolué à partir de l'Empire arabe, voilà les pièces d'une toute nouvelle histoire.
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